La publication des décrets et arrêtés modifiant le statut est une arrivée tardive pour ce qui sera décidemment la voiture balai du protocole SEGUR.
Au point de départ, il paraissait logique que la discussion sur le statut des Directeurs des soins intervienne après celle sur les cadres et cadres supérieurs de santé pour assurer la cohérence.
Alors pourquoi une telle déception sachant que toute négociation aboutit à un compromis ? Ce fut le cas pour beaucoup de revalorisations du SEGUR et pourtant le décret sur les directeurs des soins fut le seul sur lequel les 2 principaux signataires du Ségur, Force ouvrière et la Cfdt, ont émis un vote négatif au Conseil supérieur de la FPH.
Le fond de la discorde résulte d’un changement de posture du ministère en 2021.
Au point de départ, si nous sommes parvenus à inscrire les directeurs des soins au programme du Ségur, ce fut au nom de la grave crise de recrutement, des nombreux postes vacants et donc au nom de l’intérêt des établissements autant que de la légitime reconnaissance du corps. En décembre 2020, lors du premier échange multilatéral avec le ministère, nos interlocuteurs utilisaient eux-mêmes le terme d’ « occasion historique ».
Puis, lors des discussions du groupe de travail en 2021, nous avons rapidement vu les ambitions se rétracter : par exemple, la revalorisation des emplois fonctionnels évoquée au début a été effacée, l’inscription claire des directeurs des soins en catégorie A+ a été rejetée, laissant le statut « coincé » entre celui des cadres supérieurs et celui des DH. Puis à la fin la DGOS a invoqué une « logique » du SEGUR, qui aurait consisté en des revalorisations équilibrées pour les différentes catégories, et non en une refonte de l’architecture des corps de direction.
Nous sommes donc loin de l’occasion historique qui était annoncée, sans doute pour partie par manque de conviction de nos interlocuteurs, et aussi par des obstacles dans les arbitrages interministériels. En effet, comme à chaque fois, la négociation avec les organisations syndicales cache une autre négociation entre les administrations ! La faiblesse de notre ministère pour faire prendre en compte les nécessités de l’hôpital s’est une nouvelle fois illustrée.
Et maintenant ?
Tout d’abord, et puisque le ministère a considéré que la mise en œuvre du Ségur était limitée à un ajustement pour les Directeurs des soins, le CHFO repart en campagne pour un vrai choc d’attractivité pour les DS et pour une véritable refonte de l’architecture des corps de direction, DH, D3S et DS ! Il faut un nouveau protocole d’accord global, il n’est pas question d’en rester à l’autopsie du protocole de 2011 !
Pour l’immédiat, deux rendez-vous annoncés par le ministère doivent être honorés.
Le premier concerne la révision du classement des emplois fonctionnels de directeurs des soins, la mise de côté de ce dossier en 2021 ne peut plus durer.
Le second concerne les modalités d’entrée dans le corps. Le ministère a proposé d’examiner une révision de ces modalités d’entrée, en élargissant les conditions d’accès à la formation de Directeur des soins.
Les pistes évoquées sont :
- La réduction de la durée d’expérience exigée des cadres pour concourir,
- La possibilité de concourir pour des non-cadres, justifiant de diplômes et de 10 ans d’expérience professionnelle dans une profession paramédicale, avec une formation renforcée
- La création d’un tour extérieur pour des cadres expérimentés avec une formation d’adaptation à l’emploi.
Le CHFO est convaincu de la nécessité d’amplifier le recrutement de DS et de permettre une entrée plus précoce dans la carrière. Si beaucoup d’éléments se jouent avant l’entrée à l’EHESP, le CHFO est disponible pour étudier toutes les pistes d’amélioration, à condition de maintenir le niveau d’exigence et de formation.
Le CHFO demande que ce nouveau cycle de discussion soit ouvert rapidement et que soit aussi revu le statut des élèves Directeurs des soins pour limiter les freins à l’entrée en formation.