Les difficultés ne sont pas venues du statut de l’hôpital mais de l’appauvrissement de ses ressources humaines et matérielles.
Dans la crise, les directeurs et tous les cadres hospitaliers ont su
- garantir la continuité des missions sans bureaucratie administrative
- donner du sens au binôme fort avec les présidents de CME
- concerter les acteurs internes (création de « comités COVID internes » regroupant par exemple des représentants des différentes instances),
- conserver un lien étroit avec les élus pour les informer de l’évolution de la situation locale
- coopérer avec les acteurs du territoire
- organiser la réception des contributions du secteur associatif et les différents donateurs
- assumer leurs responsabilités lorsque les situations l’exigeaient
N’oublions pas que deux semaines avant les premiers plans blancs, les équipes hospitalières étaient dans la rue, des chefs de services démissionnaient et les tribunes d’appel à l’aide étaient reprises dans la presse. Sans l’engagement de tous, sans une gouvernance opérationnelle, qui peut croire que les établissements se seraient réorganisés de fond en comble en quelques jours ? Tous les acteurs institutionnels reconnaissent que « chez eux ça s’est bien passé ». Les citoyens aussi, qui nous ont donné chaque soir leurs encouragements et leur gratitude.
Alors plutôt que de jouer des coudes, nous considérons que l’heure est toujours à se serrer les coudes.
Pour le CHFO, l’état d’urgence sanitaire ne constitue pas une parenthèse qu’il faut vite refermer mais bien un virage au long cours qu’il va falloir négocier.
Evidemment des enseignements seront à tirer de la crise. Mais le mal est bien plus profond et dénoncé par le CH-FO depuis plusieurs années :
L’Hôpital a connu une stratégie pluriannuelle de contrainte financière déconnectée du besoin. Nous avons subi la méthode du couvercle sur la marmite : tant que ça passe on reste assis dessus, et l’on nie les plans d’économie que l’on impose aux directeurs dès que ça craque. Le CHFO n’a-t-il pas fait scandale à l’époque quand il a révélé les objectifs d’économie secrets qui circulaient entre Ministère et ARS, à l’inverse de ce qu’annonçait une circulaire budgétaire ?
Et l’Hôpital est aussi affecté de comorbidités associées : nous citerons l’exemple de cette maladie virale appelée marchandisation des esprits. Il semblerait que le Président de la République en admette le diagnostic.
Alors pourquoi vouloir introduire encore plus les règles du secteur privé dans notre service public ?
Cela fait des années que l’on nous serine cet air du « New Public Management », et en guise de souplesse, ce sont des lois d’airain qui nous sont assénées.
Les équipes hospitalières, quel que soit leur métier, ne le demandent pas. D’ailleurs les promoteurs de cette « révolution » ont quitté le terrain. Le CHFO et très certainement l’immense majorité des cadres hospitaliers ne s’y reconnaissent pas.
A ceux qui veulent défaire le statut de l’Hôpital et préserver le leur, nous disons attention : vous pourriez partir avec l’eau du bain…
Loin de nous l’idée qu’il ne faille rien changer, au contraire. Mais les lois du service public ont constitué le socle de notre action dans la crise : égalité, continuité, adaptabilité. Ces lois ne dispensent pas de la performance, mais elles appellent une autre définition que celle qui a dominé depuis des années : nous voulons une performance globale et durable qui ne s’arrête pas à l’horizon d’un RIA.
Ces lois se nourissent aussi du dialogue et de la coopération interprofessionnelle, nous ne l’avons pas découvert dans cette crise. Pour autant, ce dialogue a pris une autre dimension, très opérationnelle et très interactive, et il a montré que nos métiers devaient sans doute plus se compléter que cohabiter. C’est dans ce sens qu’il faut travailler pour demain..
Pour l’heure, il faut organiser la reprise des activités pour répondre aux besoins de santé, il faut réengager les admissions en EHPAD, réouvrir les structures de l’Enfance et du handicap qui ont subi le confinement, et tout cela en assurant la sécurité pour les patients et les professionnels. L’hôpital public n’étant pas sorti de la tourmente, faisons preuve de décence et laissons les collègues travailler sur le terrain.