Mardi 10 janvier 2023, Élisabeth Borne a officiellement annoncé la teneur exacte du projet de réforme des retraites. Malgré une opposition de la majorité des Français et de l’ensemble des organisations syndicales, le gouvernement persiste dans sa volonté d’imposer une réforme injuste et inefficace.
Parmi les mesures annoncées figurent le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, accompagné d’une accélération de l’allongement de la durée de cotisation (43 annuités, soit 172 trimestres en 2027 au lieu de 2035 comme initialement prévu par la loi Touraine). Ces mesures obligeront les salariés à travailler plus longtemps, alors même qu’un salarié sur deux n’est déjà plus en emploi au moment de liquider sa retraite .
Dans notre contexte actuel de crise des métiers de santé, c’est un véritable choc d’anti-attractivité qui viendrait s’ajouter.
Cette réforme passe sous silence ses effets sur la détérioration de l’état de santé des salariés contraints désormais à travailler plus longtemps. Pour les métiers dont la pénibilité est reconnue par la catégorie “active”, le droit au départ sera aussi reporté de 2 ans, de 57 à 59 ans. Pour les cadres hospitaliers, la réforme interdira à ceux qui n’en peuvent plus de partir avant 64 ans, même avec une pension incomplète. C’est à une véritable explosion des CLM, CLD et invalidités qu’il faut s’attendre.
Par ailleurs, le contexte économique et social, ne justifie pas l’urgence d’une réforme. Le régime de retraites sera excédentaire de 3,2 milliards d’euros cette année et devrait connaitre un déficit projeté de 12 milliards d’euros pour 2027. Un déficit qui ne met nullement en péril le système actuel. D’une part ce déficit représente à peine 3% des dépenses annuelles de retraite et moins de 0,8% du PIB. D’autre part, le COR prévoit par la suite un retour progressif à l’équilibre .
En justifiant une réforme sur la base d’une dynamique non contrôlée des dépenses des retraites, le gouvernement admet implicitement n’avoir aucun autre fondement qu’idéologique. Il exclut ainsi délibérément l’option d’un financement par l’octroi de ressources complémentaires. Pire encore, il élude l’enjeu de l’accroissement du taux d’activité et particulièrement celui des seniors.
Pourtant, une réelle politique en la matière génèrerait de facto les ressources nécessaires pour pallier tout besoin ultérieur de financement des retraites.