Hôpital : alerte sur une impossible relance

La CAPN des directeurs d'hôpital se réunit le jeudi 7 avril pour examiner diverses situations individuelles. Le CHFO saisit cette occasion pour interpeler les représentants du ministère sur la situation faite à l'hôpital et à ses équipes de direction.

ALERTE SUR UNE IMPOSSIBLE RELANCE

Alors que la pandémie s’installe dans la durée, le contexte géopolitique fait que son impact passe au second plan.

Pourtant, des signaux inquiétants parviennent de multiples régions : des services d’urgence au bord de l’implosion, y compris dans de grands établissements, des lignes de SMUR intenables, un absentéisme déjà à un niveau élevé qui repart à la hausse avec les contaminations, et finit d’épuiser les professionnels en place.

Nul besoin cette fois-ci d’engager des plans en tous genres pour cautionner ou fermer volontairement des lits : ils sont ouverts et peuvent le rester mais nul patient ne pourra y être accueilli faute de professionnels hospitaliers pour les y soigner !

Les constats des multiples missions et rapports récents sur l’Hôpital et les EHPAD sont convergents. Il faut donc cesser les fermetures de lits, voire en rouvrir, mais pour cela il faut des embauches massives.

Dans ces conditions, les établissements et leurs équipes de direction sont pris en tenaille entre les enjeux sanitaires et les contraintes de gestion.

D’un côté, l’activité ne repart pas, et le discours euphorisant sur la reprise de 2021 ne passe pas la barrière de l’Hôpital. Difficile encore de mesurer l’impact sur l’état de santé de la population, mais il risque d’être durable.

D’un autre côté, la brume financière s’épaissit. Déjà pour 2021, les coûts du SEGUR sont très inégalement couverts, les surcoûts COVID compensés au compte-gouttes.

Actuellement, côté recettes, c’est la dépression, liée à l’activité, et accentuée par des réformes tarifaires mal préparées, qui augmentent- pour nombre d’établissements en ce débuts d’année- leurs difficultés de trésorerie. Les conditions de sortie de la garantie de financement sont inconnues, alors que l’inflation flambe. La LFSS 2022 est loin de prendre en compte tous ces paramètres et la projection pour les années suivantes encore moins.

Si la tournée d’annonces des projets d’investissements soutenus par le plan de relance fin 2021 a marqué une volonté d’avancer rapidement, l’inquiétude se fait à nouveau jour : qu’en sera-t-il quand va revenir l’heure de la « soutenabilité financière » des projets ? Combien de PGFP seront rejetés, par l’effet de l’inflation et des déficits ?

Les résultats sont en train de se dégrader rapidement, dans un système de financement qui n’a pas été remis en cause.

Comment les directeurs seront-ils jugés à l’aune de cette équation à triple inconnue ?

Il faut bien parler de jugement puisque dans cette tourmente, la réforme de la responsabilité des gestionnaires publics a suivi son chemin technocratique et expéditif.

Quelles fautes de gestion seront pointées : avoir engagé des investissements nécessaires quand les déficits se creusent ? Avoir « laissé dériver » les dépenses pour assurer la continuité malgré les fermetures de lits et la pénurie de ressources humaines ?

Les directeurs sont malheureusement habitués aux donneurs de leçon après coup, qui comme le dit Chamfort, « ont un excellent scalpel, et un bistouri ébréché, opérant à merveille sur le mort et martyrisant le vif ».

Les directeurs ne refusent pas les responsabilités, mais comment accepter le risque que l’arbitrage permanent entre la santé et les comptes se transforme en faute de gestion ? C’est pourquoi, le CHFO refuse cette nouvelle épée de Damoclès, une clarification s’impose, la difficulté est bien assez grande comme cela, pour ne pas y ajouter la crainte paralysante.

Les directeurs ne refusent pas les responsabilités, mais ils demandent du soutien et de la reconnaissance.

En ont-ils vu le moindre signe depuis mars 2020 ?

Le temps est aux discours et ce printemps 2022 se veut « promesses » de jours meilleurs : notre alerte s’est voulue brève car pour le CH-FO, l’important n’est pas le discours mais les actes. Gageons que les réponses qui seront apportées le soient très rapidement. Il est urgent que notre système hospitalier et plus largement notre système de santé soit enfin considéré comme une priorité de tous les jours et pas seulement pour quelques jours !

Les questions posées par le CHFO

Le CHFO a également interrogé sur les dossiers statutaires en attente et en particulier :

  • L’engagement de proposer une autre modalité de prise en compte de la mobilité pour le calcul des promouvables à la hors classe, toujours non tenu
  • l’absence de publication du taux de promotion pour 2022 et les années suivantes,
  • l’absence de revalorisation de la valeur du point et du régime indemnitaire.

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