Sans attendre la sortie de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement a lancé hier 25 mai une consultation appelée “Ségur de la Santé” ; il s’agit en particulier de répondre à l’engagement pris le 25 mars à Mulhouse par le Président de la République : “un plan massif d’investissement et de revalorisation de l’ensemble des carrières sera construit pour notre hôpital”.
Le chef du gouvernement a exposé 5 enjeux clés pour ce Ségur :
- la reconnaissance des soignants avec tous les enjeux de ressources humaines
- l’investissement et les modalités de financements de l’hôpital
- la réforme du système de santé et en particulier de sa gouvernance
- une nouvelle organisation du système de santé dans chaque territoire, intégrant l’hôpital, la médecine de ville et le médico-social
- le numérique
Dans cette introduction, il faut donner acte au Premier ministre d’avoir cette fois englobé explicitement tous les métiers dans les remerciements de la Nation : « le système de santé français a été remarquable, il a tenu, du directeur d’hôpital à l’aide-soignant, du médecin à l’administratif, du public au privé, de l’hôpital à l’EHPAD ».
On peut aussi le prendre aux mots dans son ouverture à des changements radicaux.
Mais quand le Premier ministre considère que le cap de « Ma santé 2022 » est le bon, il y a sans doute encore une sous-estimation de la colère durable des professionnels de l’Hôpital, car nous voyons déjà que la crise ne l’a pas effacée. De plus en agitant la question des 35H, il y a aussi une sous-estimation du déficit d’attractivité des métiers hospitaliers. Ce déficit peut encore s’aggraver après la crise, avec l’image de professions particulièrement éprouvantes. La question du temps de travail est avant tout aujourd’hui celle des effectifs. Elle doit aussi être prise en compte tout au long de la vie, cela signifie donc de ne pas faire reculer encore l’horizon de la retraite des agents.
La question des salaires et des carrières est clairement posée sur la table, avec une annonce de revalorisation significative. Le vrai débat portera sur le niveau du curseur et le rythme, car les « mesures » de novembre 2019 étaient déjà annoncées comme un plan sans précédent pour sauver l’Hôpital.
Le premier ministre lui-même a fait le lien entre ces revalorisations significatives et celle de l’ONDAM. Ce point est crucial, il a été souligné par la majorité des intervenants dans le premier tour de table.
Cela renforce la conviction du CHFO sur la réforme du financement : il faut poser comme principe clé celui de la « garantie de pouvoir d’achat » des activités hospitalières. En effet, quel que soit le dosage entre les mécanismes de tarification, de financement populationnel, de missions, il faut cesser d’aligner des réformes qui ne sont pas couvertes par les tarifs ou les dotations, et qui sont donc financées par le surcroit de travail des agents ou par les plans d’économies.
C’est cette logique qui a fait peser toutes les contradictions sur la gouvernance interne des établissements. Le premier ministre a d’ailleurs été très tempéré sur cette question de la gouvernance : « J’observe pour ma part que pendant la crise, ces règles de gouvernance n’ont pas posé de réelle difficulté. Ma conviction profonde est que la réponse réside bien plus dans le mode de management que dans les règles de gouvernance ».
Pour le CHFO, le management sera efficace si les priorités sont claires : le soin ou les économies budgétaires, le chiffre ou le sens.
Les travaux du Ségur de la santé devront être conclus pour la mi-juillet. Le Ministre de la Santé a exprimé le souhait de vraies négociations pour parvenir à des Accords de Ségur. Mardi 26 mai, s’installe le comité Ségur national, puis s’engagent les différents groupes thématiques.
Vous trouverez ci-joint la première contribution introductive que le CHFO entend déposer à la discussion. Elle identifie 8 défis, dont celui du grand âge qui a été insuffisamment développé dans cette session d’ouverture.