La cinquième conférence nationale du handicap s’est tenue le 11 février 2020, soit 15 ans jour pour jour après la promulgation de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.
Force est de constater que 15 après, l’intention reste la même : les personnes en situation de handicap doivent « devenir des citoyens à part entière ».
Deux jours plus tôt, le collectif Handicap qui regroupe 47 associations, écrivait dans une tribune du JDD, que « chaque jour, des enfants ne peuvent accéder à une école, des travailleurs doivent quitter leur entreprise car les logiciels utilisés ne sont pas adaptés, des personnes ne peuvent aller où elles veulent en raison de multiples obstacles » et qu’il était urgent de « taper du poing sur la table et d’affirmer qu’il n’est plus possible de ne pas appliquer la loi, de connaître une telle inégalité de traitement selon les territoires ».
Le législateur prône un virage inclusif du secteur. On peut s’en féliciter, même si de nombreuses réponses restent à construire. Mais échaudés par des années de parcours du combattant, parents et associations attendent au delà des engagements forts surtout des actes.
Tous seront très attentifs aux moyens mis en œuvre pour atteindre les 3 objectifs (avec 12 engagements) que s’est assignés le Chef de l’Etat :
- plus aucun enfant sans solution de scolarisation à la rentrée de septembre,
- d’ici à 2021, aucune personne, enfant comme adulte, laissée seule dans la recherche de sa solution
- permettre à chacun de mener son existence dans des conditions de vie digne.
A ce titre, 2500 places doivent être créées pour permettre des transitions sécurisées, soit 6000 places supplémentaires, en comptant celles déjà annoncées pour 2021-2022.
Le gouvernement entend également lutter contre les départs contraints vers des établissements spécialisés en Belgique faute de solutions sur notre territoire.
La question du vieillissement des personnes en situation de handicap reste également un enjeu crucial. Les EHPAD n’étant pas toujours en mesure de proposer des accueils adaptés selon le Président, il a conclu en indiquant qu’”il faut lancer une réflexion profonde » sur la question.
On remarquera au passage que le handicap psychique, qui concerne plus de 3 Millions de nos concitoyens, semble être le grand oublié de la CNH, au grand désespoir des associations et des familles.
Pour le CHFO, plus généralement, et sans vouloir dresser un catalogue exhaustif des attentes déçues et des annonces restées sans suite, on se contentera de rappeler quelques éléments forts : malgré l’ancienneté des problématiques et la multiplicité des textes qui sont intervenus en la matière, l’égalité des chances et des droits restent encore hors de portée.
Qu’on en juge : qu’il s’agisse de scolarisation, d’inclusion dans le monde du travail (l’obligation de 6% de TH dans les effectifs des entreprises remonte à 1987 et est sensée être renforcée par la loi de février 2005) de droit au logement (cf sur ce point loi Elan), l’instauration de guichet unique, le recours aux solutions belges faute de réponse sur le territoire national,… les sujets de déception profonde ne manquent pas.
Il ne faudrait pas qu’elle se transforme en désespérance.
La vigilance de chacun est requise : le dernier avatar auquel nous avons été confrontés a été la menace de fusion de l’A.A.H. dans le R.U.A. La mobilisation et la colère ont – pour l’instant – fait renoncer les pouvoirs publics.
Mais plus que des actes de résistance, si utiles soient-ils, c’est d’une véritable politique volontariste d’inclusion dont il est aujourd’hui question.
Parce qu’il ne suffit pas de rebattre les mêmes cartes pour changer de jeu !